Chère lectrice, cher lecteur,

Imaginez-vous tâtonner dans le noir de votre chambre à coucher. Votre main longe une étagère et s’accroche à un objet. Rond ? Dur ? Un verre ? Ou plutôt un chandelier ? A la lumière apparaît le chargeur de votre smartphone.

Ce bref sentiment d’insécurité – le quotidien pour bien des personnes en situation de cécité. Aussi l’invention d’une écriture tactile, le braille, a-t-elle été une révolution voici 200 ans. D’abord raillé et combattu, il est aujourd’hui un symbole d’autonomie et d’instruction.

Dans ce numéro, nous retraçons la création du braille, en examinons l’importance et nous interrogeons sur son avenir. En effet, même s’il est plus visible que jamais dans les lieux publics, les livres imprimés dans cette écriture diminuent. Parallèlement, nous constatons combien le braille est utilisé ingénieusement, de manière personnalisée.

Peter Hänggi, par exemple, imprime des textes en braille dans son appartement, près de Bâle, avec des machines à la pointe de la technologie. Point par point, page après page, il transforme des textes en points saillants, avec précision, patience et passion. Pour lui, le braille est bien plus qu’une technique : une culture.

A l’école encore, la bibliothèque numérique MonaLira montre la possibilité d’inclure dans l’enseignement une littérature accessible sans devoir passer par des appareils complexes ou par une lourde bureaucratie. A Genève, MonaLira est intégrée pour la première fois dans une école publique. Un projet pilote précurseur.

Comprendre l’invisible, accéder à l’inédit, grâce à des points, du bout des doigts. Ce numéro vous invite à découvrir le braille avec vos sens et votre cœur.

Kathrin Schellenberg, rédactrice en chef tactuel