Philippe Cosandey, Bibliothèque Braille Romande et Livre parlé

René Frégni, Où se perdent les hommes, Gallimard 2016

1 livre audio Daisy : 1 CD (3 h. 23 min.), Réf. 10778A100

Ralph donne des cours d’écriture dans une prison de Marseille. Un détenu attire son attention, puis l’obsède au point de le pousser vers une irrationnelle prise de risque. Condamné pour le meurtre de sa femme, ce dernier s’inflige une double peine en vivant totalement reclus depuis trois ans, avec pour seule compagnie le fantôme fantasmé de son épouse. Intrigué puis subjugué, Ralph va élaborer un plan d’évasion. Les deux hommes se rejoignent alors dans le basculement d’une vie qui conduit à l’irréparable.

Un roman sur l’univers carcéral qui se prolonge dans les limites intrinsèques de l’être humain. L’écriture évoque le soleil, l’amour, l’amitié et les parents pour souligner le sujet universel de l’absence. L’impossible dépassement de la solitude se profile comme une prison que nous supportons avec déraison ou avec sagesse.

Ian McEwan, Une machine comme moi, Gallimard 2020

Livre Braille Intégral (10 volumes), Réf. 80867A200

Un voyage dans la complexité humaine analysée à travers le prisme d’une machine. Année 1982, l’auteur s’amuse à modifier l’histoire en imaginant Georges Marchais à l’Élysée et les Beatles toujours unis. Dans une Angleterre secouée par des conflits politiques, Charlie dilapide un héritage et s’offre le premier androïde commercialisé. Ce dernier sait faire le ménage, la cuisine, tenir une conversation, réfléchir, donner du plaisir mais est surtout capable d’émotions. Un monde où les robots sont une caricature imparfaite de l’humain puisque sans défauts. Leur incapacité à mentir est un exemple pertinent de leur anomalie. Nos imperfections sont ainsi mises en exergue subtilement. Une lecture qui plaira aux amateurs de réflexions philosophiques, éthiques et scientifiques. L’impact de l’intelligence artificielle nous interrogeant ici sur nos contradictions.


Benigno Delgado, Bibliothèque Sonore Romande

Ferdinand Von Schirach, Sanction : nouvelles, Gallimard, 2020.

Durée: 4h 16 min, ref. BSR : 68010

Le tribunal est parfois décor, parfois prétexte, présent ou évoqué, dans ces esquisses qui dévoilent des mouvements profonds de l’esprit : désarroi, solitude mais aussi sensibilité, générosité. Dans ces douze nouvelles, non dépourvues de tendre ironie, la justice et la loi ne se situent pas toujours du même côté : une femme est injustement condamnée pour la mort de son bébé et innocentée du meurtre (commis réellement) de son mari ; un apprenti dealer s’en sort avec « conduite en état d’ivresse » ; un solitaire, amoureux de sa poupée gonflable, est traité avec indulgence pour avoir roué de coups l’agresseur de celle-ci ; un collier de perles punit involontairement un mari adultérin ; un caïd devient subtil conseiller en balistique d’un avocat ; un veuf meurtrier est invité à barboter dans la piscine du mort…

Le châtiment, après tout, n’est pas toujours où on l’imagine. Von Schirach, avocat lui-même, nous le dit dans la dernière nouvelle, qui raconte son basculement dans l’écriture : parfois il n’y a ni crime ni coupable. Mais il y a toujours sanction. Douze nouvelles, douze coups de fusil.