Par Carol Lagrange

L’équipe rédactionnelle de tactuel a la tristesse de vous faire part du décès subit de Giovanni Masala, bibliothécaire à la Bibliothèque Sonore Romande, le 26 mai dernier. Giovanni nous livrait chaque trimestre, avec passion, ses coups de cœur littéraires pour notre rubrique. A titre posthume, nous le remercions vivement pour son engagement et sa disponibilité tout au long de ces dernières éditions !

Par Isabelle Albanese*

bibliothecaires

photo: Virginie Serneels

La Bibliothèque Sonore Romande comptait beaucoup pour Giovanni. Je sais que je peux le dire parce que j’ai pu le constater chaque jour des quinze années que j’ai passées à y travailler avec lui. Et si la BSR comptait beaucoup pour lui, il était tout aussi important pour la BSR.

En tant que bibliothécaire, il aimait bien sûr les livres et la lecture, mais il aimait encore plus permettre de lire à ceux qui ne peuvent pas le faire. C’était sa responsabilité, sa fierté. Il aurait traversé le canton à moto sous la pluie pour amener un livre à un auditeur qui sinon n’aurait rien eu à lire pour le week-end. Il croyait profondément en ce que nous faisons, et il avait cette générosité, cette disponibilité.

Il aimait rendre service et faire plaisir. Répondre à la demande d’un auditeur était primordial. Il disait : sans nous, il ne pourra pas lire ce livre. Et cela n’était pas acceptable. Il savait choisir les livres qui intéressent nos auditeurs, être à la pointe de l’actualité, dénicher des perles, proposer des nouveautés, sans oublier les classiques qu’il aimait tant. Il connaissait tant de choses, sur tant de sujets différents, avait-il vécu mille vies ? : droit, biographies de rock star, littérature romande, géopolitique, médecine légale… Il était incollable sur tout et si généreux de ses si vastes connaissances.

Il aimait son métier, bien sûr, et soignait son catalogue avec professionnalisme et rigueur. Mais s’il faisait si bien son métier, c’est qu’il aimait les gens. Les gens qui pourraient lire grâce à son travail, mais aussi ceux qui allaient enregistrer les livres : les lectrices et lecteurs de la BSR.

Confier un livre à une personne était le centre de son travail. Et il connaissait aussi bien les livres qu’il connaissait les lecteurs bénévoles. Il avait développé avec chacun une relation particulière et faisait sentir à chaque lecteur ou lectrice qui franchissait le seuil de son bureau qu’il était unique.

C’était un collègue précieux, drôle, serviable et attentif. Il animait nos pauses de digressions philosophiques et d’anecdotes abracadabrantes, de chutes inopinées de sa chaise et parfois même de quelques entrechats. C’était Giovanni. Et il n’aurait jamais laissé un collègue dans le pétrin.

Il n’aimait pas le partage, le terme le dérangeait. Il disait : on ne partage pas, on donne. Et c’est ce qu’il a fait pour la BSR, sans compter. Merci, Giovanni.

*Isabelle Albanese est directrice de la Bibliothèque Sonore Romande.