Le modèle mis en place par le Centre d’Information et de Réadaptation de Genève

L’unité d’accueil du Centre d’Information et de Réadaptation (CIR), un service de l’Association pour le bien des Aveugles et malvoyants (ABA), à Genève met à disposition des personnes âgées devenues malvoyantes des informations spécifiques, des prestations de réadaptation et un accompagnement social.

par Marie-Paule Christiaen et Daniel Nicolet*

L’accès à l’information est primordial au quotidien.  photo: réhabilitation visuelle

L’accès à l’information est primordial au quotidien.
photo: réhabilitation visuelle

Souvent, la personne a reçu le conseil de s’adresser à notre centre, que ce soit par l’ophtalmologue ou des relations qui connaissent l’ABA/CIR. Une recherche effectuée en 2013 auprès des 55 nouveaux clients de plus de 85 ans montre que la majorité présente des handicaps associés. 37 souffrent d’autres atteintes à la santé et 22 présentent un double déficit sensoriel (auditif et visuel). Pour faire face à la complexité et à la fragilité liées au grand âge, l’approche privilégiée par le service va prendre en compte la personne dans sa globalité. La personne malvoyante prend contact avec le centre spécialisé. Cette démarche peut sembler compliquée pour certains, coûteuse sur le plan psychologique. Par exemple, une personne a mis près de deux ans depuis le conseil du médecin pour oser prendre contact.
L’ophtalmologue transmet à l’ABA/CIR un certificat médical pour une meilleure compréhension de l’atteinte visuelle. Ce document, ainsi que l’attestation de transports et l’attestation pour l’allocation d’impotence, vont permettre de faire valoir les droits de la personne. Elle est conviée à un rendez-vous d’accueil dans nos locaux. Cette démarche implique un déplacement et de l’organisation. Les aînés viennent souvent accompagnés d’un proche. Cela permet au tiers d’entendre comment la personne décrit l’impact de l’atteinte visuelle dans sa vie quotidienne. Cela peut être une véritable prise de conscience de l’importance des conséquences de cette atteinte et favoriser un soutien adapté de la part des proches. L’entretien, conduit par un professionnel expérimenté, assistant social ou ergothérapeute spécia- lisé, invite la personne à adopter une approche réflexive : elle décrit « ce qu’elle fait » et « comment elle le fait », une occasion d’évoquer ses activités significatives.

L’entretien permet de passer en revue :

  • Comment la personne accède à l’information, gère son administration, s’oriente dans le temps, communique par téléphone ou d’autres moyens.
  • Comment la personne réalise les activités de la vie quotidienne et se déplace dans les lieux connus ou inconnus.

Cet inventaire assez exhaustif permet d’une part de mettre en valeur les ressources mobilisées de manière satisfaisante, que ce soit par des stratégies, telles que simplifier l’activité, déléguer à un tiers (proche ou professionnel) et d’autre part de pointer les activités pour lesquelles la personne a des attentes d’amélioration. Le collaborateur en charge de l’accueil présente les différentes prestations spécifiques dont une personne déficiente visuelle peut bénéficier (facilités de transports, renseignements téléphoniques gratuits, Voicenet, bibliothèques de livres parlés, livres en grands caractères, organisation d’entraide…) et informe des possibilités d’activités culturelles et de loisirs adaptés. Ce rendez-vous d’accueil permet de les rassurer, de leur faire découvrir leur potentiel et l’éventail des possibilités que les personnes pourront solliciter dans le cadre de la réadaptation. Mme V., par exemple, a pris rendez-vous, car son ophtalmologue lui a annoncé qu’elle a une DMLA et qu’il ne peut plus améliorer la situation sur un plan médical. Lors du rendez-vous d’accueil, elle a découvert les possibilités existantes pour accéder à une information adaptée, si sa situation se péjore.

Désormais, elle sait où s’adresser en cas de besoin. À l’issue de l’entretien d’accueil, il est convenu avec la plupart des personnes de l’ouverture de mandats d’intervention. Une démarche individualisée est alors initiée, que ce soit dans le domaine social ou de réadaptation. Le cheminement proposé aux nouveaux clients de l’ABA/CIR prend du temps. La volonté est d’être à l’écoute de la première demande et aussi de faire émerger l’ensemble des besoins. Une des missions du centre est d’informer sur les prestations spécifiques et les droits. Confortés par les retours positifs et notamment ceux de l’enquête de satisfaction annuelle, le modèle adopté s’avère particulièrement pertinent pour les aînés.

Centre d’Information et de Réadaptation de l’ABA, Route du Vallon 18, 1224 Chêne-Bougeries www.abage.ch

 *Marie-Paule Christiaen est responsable adjointe du ABA/CIR à Genève et Daniel Nicolet responsable du secteur aînés de la même institution

Bibliographie

  • Holzschuch C., Mourey F., Manière D., Christiaen MP., Gerson-Thomas M., Lepoivre, JP. Paulin M., Creuzot-Garcher C., Pfitzenmeyer P. (2012), Gériatrie et basse-vision, Pratiques interdisciplinaires, Solal, collection ergothérapie, 2e édition complétée, Marseille
  • Christiaen MP, Nicolet D., Réadaptation basse-vision et grand âge, Contribution au maintien des habitudes de vie des aînés malvoyants, Tactuel, UCBA, Lausanne n° 4-2013, p.11–13.
  • Cardenoso MC., Christiaen MP, Nicolet D., Boîtes à outils des activités de la vie quotidienne, ABA août 2013.