Chère lectrice et cher lecteur,

Cette expérience est arrivée à chacun d’entre nous. Dans un lieu public, vous apercevez une personne en chaise roulante qui ne peut pas accéder à un bâtiment, ce dernier n’ayant pas de rampe. Une personne handicapée de la vue balaie avec sa canne blanche et se trouve soudain face à un nouveau chantier, son parcours habituel étant ainsi problématique. Au restaurant, le serveur tend la carte à mon amie aveugle et attend qu’elle la saisisse. Ce qu’elle ne fait bien entendu pas. Enfin, vous posez une question à la personne assise en face de vous
dans le bus, elle ne vous répond pas. Elle n’a simplement pas entendu.

Depuis plus de dix ans que je suis active dans le domaine du handicap de la vue, il me semble – mais peut-être que je rêve – que l’intégration se fait, pas à pas, et ce notamment depuis l’introduction de la LHAND. Mais si concrètement des mesures se prennent, je reste persuadée qu’elles manquent d’efficacité notamment à cause de la méconnaissance des besoins des personnes concernées, et ce pour tous les handi caps. Il reste donc beaucoup à faire. Car qui va penser qu’une personne handicapée de la vue ne peut pas accéder à internet si le site n’est pas adapté? Et quelle entreprise va adapter son site si, d’une part elle n’est même pas consciente de ces barrières et si, d’autre part, elle ne possède pas les solutions? Même chose pour les personnes malentendantes qui n’entendent simplement pas les informations de dernière minute dans les transports publics. Qui va anticiper leurs besoins? Informer, informer et informer. Mais pas n’importe comment. Car pour être efficaces, les mesures mises en place doivent être en parfaite adéquation avec les besoins des personnes concernées. La collaboration est donc à la base. L’article sur l’audiodescription est un exemple parfait de réussite, grâce à la collaboration et l’ouverture d’esprit des diverses parties impliquées.

Vous trouverez dans ce numéro divers articles consacrés à l’absence de barrière: internet, transports publics, culture, tous les domaines sont concernés. Qui revendique les droits? Quelles sont les associations actives dans ce domaine et au nom de quel(s) handicap(s) s’expriment-elles? Sont-elles cohérentes dans leurs revendications? Ce numéro de tactuel est dense mais passionnant. Et actuel, très actuel au moment où les premiers bilans, après près de dix ans d’entrée en vigeur de la LHAND, se dressent.

Je vous souhaite une très bonne lecture.

Denise Cugini, redactrice