Photo de groupe avec, au centre, notamment les lauréats du prix récompensant des offres de formations accessibles. Se partagent le premier prix : le projet « Taktile Fokuswörter zur Unterstützten Kommunikation » de la Haute école intercantonale de pédagogie curative HfH de Zurich et du Sonnenberg, la bibliothèque MonaLira de l’Association Plein Accès et le musée « Voir autrement » à Zollikofen. Les lauréats tiennent un document en main.
Les lauréats du Prix de l’accessibilité 2023 / Photo: Hôpital ophtalmique Jules-Gonin

Suivre régulièrement des formations continues professionnelles permet de maintenir son employabilité c’est-à-dire d‘entretenir et développer ses compétences pour s‘adapter aux changements et trouver ou conserver un emploi. C‘est un facteur-clé qui favorise l‘insertion professionnelle de toutes et tous.

Par Sonja Vuarnoz, spécialiste en formation continue à l‘UCBA

Le rapport rédigé par Travail. Suisse Formation, organisation faîtière des travailleuses et travailleurs en Suisse, montre que l’environnement actuel de la formation professionnelle continue n’est pas encore inclusif et qu’il est nécessaire de prendre des mesures supplémentaires pour atteindre l’objectif de l’égalité des chances. Selon cette étude, la majorité des offres de formation professionnelle continue ne sont pas sans obstacles, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas accessibles aux personnes malvoyantes et aveugles. Dans le cadre d’un symposium sur l’accessibilité des formations organisé par le CPHV en novembre dernier à Lausanne, Daphna Paz, directrice de Travail.Suisse Formation nous a présenté les « Recommandations pour une formation continue accessible aux personnes malvoyantes et aveugles » publiée par son organisation. Selon ces recommandations, rédigées en collaboration avec des personnes concernées, une attention particulière doit être portée à :

La promotion de l’offre
Le site Web doit être accessible :
− Veillez à ce que les informations ne soient pas transmises uniquement par des images et des couleurs et utilisez en outre des alternatives textuelles.
− Vérifiez que vos textes peuvent être déchiffrés et lus par des lecteurs d’écran.
− Veillez à ce que le contraste entre le texte et l’arrière-plan soit suffisant.
− La taille de vos textes doit être réglable.
− Les éléments interactifs (p. ex. formulaires, liens, messages de cookie) doivent pouvoir être contrôlés au moyen du clavier et être reconnaissables par les lecteurs d’écran.
− Indiquez les cours ouverts aux personnes concernées en les signalant par une image ou un son spécifique.
− Communiquez les mesures par lesquelles vous envisagez d’inclure les personnes concernées.

La phase préparatoire
− Proposez aux personnes intéressées un entretien préliminaire au cours duquel leur sera présenté d’une part les mesures proposées par le centre de formation et d’autre part seront recueillis leurs besoins spécifiques.
− Mettre les supports de cours à la disposition des personnes concernées avant le cours, afin qu’elles puissent déjà se faire une idée de la structure et du contenu.
− Déterminez avec la personne concernée si elle peut également faire des enregistrements audios pour son propre usage pendant le cours.
− Communiquez déjà par e-mail aux personnes concernées les données d’accès à votre WLAN, car pour elles, un simple affichage dans la salle de cours ne suffit pas.

L’accès à la salle
Afin de permettre aux personnes concernées d’accéder aux salles de cours, nous recommandons :
− La mise en place d’un service d’accompagnement (convenez à l’avance de l’endroit où la personne sera prise en charge).
− La mise en place de marquages tactiles-visuels (système de guidage pour aveugles).
− Une description précise de l’itinéraire, dans laquelle vous signalez spécifiquement les obstacles.
− Accueil de la personne lors de sa première visite (devant le bâtiment, visite des locaux).

La salle
La salle de séminaire devrait toujours être la même pour les cours de plusieurs jours. De plus :
− Les obstacles architecturaux tels que les pentes de toit ou les poutres doivent être évités.
− Les éléments d’équipement qui dépassent dans l’espace doivent être marqués et reconnaissables avec la canne de signalisation ou la canne longue.
− Les personnes concernées devraient disposer d’une prise électrique pour leur ordinateur portable. Veillez à ce que les câbles d’alimentation ne deviennent pas des obstacles sur lesquels on peut trébucher.
− La personne concernée doit être placée à un endroit où elle ne sera pas éblouie et où l’écran de son ordinateur portable ne sera pas exposé à des reflets lumineux.

Le cours
− Communiquez aux autres participantes et participants comment la collaboration avec la personne concernée doit se dérouler. Selon ce qui a été convenu au préalable, elle se chargera elle-même de cette tâche lors du tour de présentation.
− Les documents de cours doivent être envoyés aux personnes aveugles et malvoyantes sous forme numérique au préalable. Les autres documents distribués pendant le cours devraient être « accessibles », c’est-à-dire écrits en gros caractères ou lus à haute voix.
− Il est pratique pour les personnes concernées de pouvoir ajouter leurs notes directement sur les documents et de ne pas devoir créer un document séparé à cet effet.
− Les chiens guides d’aveugles sont entraînés et ne perturbent pas les cours. Il est toutefois utile que le centre de formation ait connaissance d’un endroit approprié où le chien peut se soulager pendant la pause. Si possible, organisez un accompagnement vers cet endroit pendant la première pause.
− Environnement (accueil, café, toilettes): lors de leur première visite dans votre centre, montrez aux personnes concernées où se trouvent l’accueil, les toilettes, la machine à café et la salle de pause, afin qu’elles puissent ensuite se débrouiller seules. Les examens Les éventuels examens devraient également être accessibles. Veillez à ce que :
− L’énoncé de la tâche soit lisible, par exemple sous forme numérique, de sorte que le texte puisse être agrandi ou lu à haute voix.
− Les personnes concernées puissent utiliser les outils techniques dont elles ont besoin, par exemple l’ordinateur portable au lieu de l’écriture manuscrite.
− Elles puissent inscrire les réponses directement sous les questions et ne doivent pas changer de document. Si le respect de ces critères ne permet pas d’éliminer tous les désavantages liés au handicap, il convient de réfléchir à une modification de la situation d’examen (durée, oral au lieu d’écrit, accompagnement, aménagement du poste de travail). Il s’agit ici d’une compensation des désavantages prescrite par la loi et non d’une simplification des exigences techniques de l’examen en soi.

L’évaluation
Les formulaires d’évaluation des cours, qui servent à l’assurance qualité, devraient également être lisibles et utilisables par les participantes et participants aveugles ou malvoyants. Rajoutez des questions sur les mesures prises pour les personnes concernées.
Ces recommandations me semblent très utiles à suivre et à transmettre à toutes les personnes qui organisent des formations continues professionnelles. Elles sont disponibles en ligne sur le site www.travailsuisse.ch.


Prix de l’Accessibilité
Lors du symposium sur l’accessibilité dans les milieux de formation organisé par le CPHV à Lausanne, le Prix de l’Accessibilité a été décerné à trois projets qui ont remporté le premier prix ex-aequo. Il s’agit du projet « Tactile Focus Words in Augmentative and Alternative Communication (TaFo) » de l’Interkantonale Hochschule für Heilpädagogik de Zurich et du Sonnenberg, du projet MonaLira de l’Association Plein Accès et du projet Accès pour tous « Voir les choses différemment » du Musée suisse des aveugles.