Laurent Galley, Bibliothèque Braille Romande et Livre parlé

Jean-Christophe Rufin, Le collier rouge: roman, Ed. Gallimard 2014

1 Livre Audio Daisy (03h21 min.), disponible aussi en téléchargement (www.bnfa.ch) C’est l’histoire d’une guerre qui commémore ses cent ans. Celle de 14–18. Un temps de chien que cette sale guerre et dont l’auteur narre, bien après les champs de bataille, la profonde amertume. L’auteur prend prétexte d’un récit anodin et comme burlesque, d’un ancien héros de 14 qui, un soir par trop éméché, se promena dans son village en ayant offert la décoration suprême – sa légion d’honneur – à son chien. Scandale, évidemment, et bientôt procès du poilu ayant osé salir le drapeau. Le condamné joue gros; l’injure à la Nation peut conduire à la peine de mort. Toutefois, le juge en revient, lui aussi, d’une guerre qui aura vu des hommes, certes, dans les tranchées, mais aussi
des dizaines de milliers de chiens. Possesseur d’un bien noble compagnon, notre poilu se trouve être aussi un lecteur de Marx, Proudhon, Victor Hugo … Socialiste, anarchiste, ce dernier aura accepté de servir un nationalisme qu’il déteste par convictions. Le juge, en aristocrate, n’en est pas lui-même étranger à la lecture des classiques. Le roman prépare ainsi une confrontation intellectuelle et morale sur un conflit ne devant rien, on le sait, ni à l’intelligence, ni à l’humanisme.

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Laurent Galley, Bibliothèque Braille Romande et Livre parlé

Christian-Louis Eclimont, Georges Brassens par ses chansons, Hors collection 2011 Livre Braille Intégral (5 volumes)

disponible aussi en téléchargement (www.bnfa.ch)
Georges Brassens est, on le sait, un monument de la chanson, en plus d’être un poète rigoureux. Il s’abreuvait à la grande littéra-
ture et aux poètes du patrimoine. Ses chansons, savamment composées, portaient avec elles tout un art, toute une culture, et, bien sûr, un chemin autobiographique. Brassens n’a jamais cessé de se chanter lui-même, et c’est toute une galaxie que ce livre explore, mettant en relation la vie de son auteur, ses relations, et le contenu même de ses chansons. Brassens, le poète, l’anticlérical, l’ennemi des groupes ou du troupeau, l’amoureux des femmes, de la liberté, de l’amitié, de la vie champêtre, d’un Moyen-âge à la Villon, où la «mauvaise herbe» a plus de noblesse que les «braves gens». Avoir mauvaise réputation encore et toujours – sauf pour la postérité.

 

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Giovanni Masala, Bibliothèque sonore romande

Colombe Schneck, «Mai 67», Robert Laffont 2014

«Comment peut-on aimer quand le monde entier nous désire?». Ce livre n’est pas la énième biographie de Brigitte Bardot, mais une subtile évocation littéraire de l’icône des sixties, un souffle d’air frais et léger dans la morosité de ce 21ème siècle qui a assez mal commencé, convenons-en. Le narrateur du roman est un homme jeune et amoureux de l’actrice dont le nom n’est jamais révélé, ou si peu, «Bri», la «plus belle fille du monde». Les hommes et les femmes de cette époque désormais révolue découvrent avec stupéfaction le naturel de cette jeune fille, la modernité de ses attitudes et de ses mœurs, sa photogénie incomparable, son vocabulaire étonnant, «dégoûtant», «rigolo» qui détonne et qui séduisit tant Jean-Luc Godard. L’auteur nous apprend la passade romaine que Bri eut avec ce jeune homme alors qu’elle était mariée au milliardaire Gunter Sachs, l’histoire est vraie, semble-t-il. Mais qu’importe ici la vérité?
Référence BSR 20338.