Assemblée des délégués avec table ronde consacrée aux perspectives de l’intégration professionnelle

Pour que l’intégration professionnelle des personnes handicapées de la vue réussisse, les organisations spécialisées et particulièrement les services de consultation doivent faire preuve d’innovation, d’inclusion et de professionnalisme.De plus, les collaborateurs handicapés visuels améliorent leurs chances sur le marché du travail si leurs compétences personnelles sont développées, que des moyens auxiliaires efficaces sont utilisés et que des techniques de travail compensatoires sont acquises de manière ciblée.

Par Norbert Schmuck

Photos des divers participants à la table ronde lors de l'assemblée des délégués 2016.

Photos: UCBA

Le point de départ du débat qui a eu lieu le matin de l’assemblée des délégués de l’UCBA de cette année était l’ « Etude sur le handicap visuel et le monde du travail (SAMS) », que l’UCBA a publiée en décembre 2015. Sous la direction de Stefan Spring, chargé scientifique de l’UCBA, la discussion a surtout porté sur la question de savoir qui pouvait fournir quelle contribution pour conserver un poste de travail,même en présence d’un handicap visuel.Denise Gehrig, responsable du service de consultation de l’USA, a parfaitement résumé la situation :Pour que les collaborateurs avec un handicap de la vue puissent réussir au lieu de travail, il convient d’encourager et d’entraîner leur résistance et leur performance.Les services de consultation sont particulièrement sollicités.Ils font certainement de leur mieux, mais osons malgré tout la question :Est-ce aussi ce qu’il y a de meilleur pour les éventuels collaborateurs malvoyants ?Il faut impérativement de l’innovation, de l’inclusion et du professionnalisme ainsi que du personnel qui connaît les mécanismes du monde du travail et qui peut assister et encourager les collaborateurs handicapés de la vue.Les services de l’AI ont besoin d’assistance spécialisée, puisqu’ils manquent cruellement d’expérience dans ce domaine. Denise Gehrig a mentionné que l’Union suisse des aveugles a déjà engagé cette année un nouveau spécialiste avec des compétences spécifiques dans le domaine du job coaching, mettant ainsi en pratique la recommandation de l’étude SAMS.

Photos des divers participants à la table ronde lors de l'assemblée des délégués 2016.

Photos: UCBA

Martin Kaiser, responsable du secteur politique sociale et assurances sociales de l’Union Patronale Suisse et président de l’association « Compasso », expliquait que la plupart des employeurs étaient peu familiarisés avec les questions liées aux handicaps sur le lieu de travail.Notamment les moyennes et petites entreprises doivent être sensibilisées aux possibilités d’engager des personnes handicapées tandis que les grandes sont plus avancées à cet égard.Le handicap visuel d’un collaborateur est dans un premier temps perçu comme « un problème de plus ».L’information et la sensibilisation font défaut.La page Internet www.compasso.ch constitue un premier pas de la part de l’Union patronale.Mais les organisations spécialisées et les personnes concernées elles-mêmes sont également sollicitées.Il a aussi relevé qu’au cours de 30 prochaines années, un demi-million de postes à temps complet ne pourraient pas être occupés par des jeunes au vu de l’évolution démographique en cours.Cette chance doit être saisie au bénéfice des personnes handicapées.

Et Gregor Wadenpohl, responsable de SBHprofessional à Bâle d’enchaîner :Si la mission donnée est bien exécutée, le handicap visuel n’occupe plus le premier plan.Il est toutefois essentiel pour la personne concernée de disposer de solides compétences personnelles, d’excellents moyens auxiliaires adéquats et de techniques de travail compensatoires.En cas de problèmes, il est crucial de les déceler rapidement afin d’éviter que les difficultés ne soient interprétées comme un manque de compétences professionnelles, mais bien comme la conséquence par exemple d’une détérioration du potentiel visuel. Une évaluation fondée est alors cruciale, au même titre qu’un bon apprentissage des moyens auxiliaires et une assistance suffisante au moment du retour au lieu de travail.Il a insisté sur le fait qu’une demande de prestation ne devait être soumise à l’AI qu’une fois que les moyens auxiliaires étaient bien maîtrisés !

Photos des divers participants à la table ronde lors de l'assemblée des délégués 2016.

Photos: UCBA

La discussion a aussi montré qu’il était important, bien que souvent difficile, de réunir tous les partenaires concernés autour d’une même table.Ismael Tahirou, responsable de la défense des intérêts au sein du comité de la FSA, a annoncé que la FSA avait également pris la décision de principe d’engager deux job coach.Ceux-ci seront les interlocuteurs pour l’ensemble du réseau, soit les personnes concernées, employeurs, services AI, RH, etc.Il rappelle que la Convention relative aux droits des personnes handicapées de l’ONU, désormais ratifiée par la Suisse, reconnaît un droit au travail pour tous.Une « société inclusive » signifie aussi un accès au travail pour les personnes handicapées.Pourtant, les choses n’ont que peu changé en Suisse depuis la ratification.

La conseillère nationale Marina Carobbio Guscetti rend compte de deux postulats au parlement :le premier, relatif à une conférence nationale en faveur de l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail, a été initié par la conseillère aux Etats Pascale Bruderer et l’autre, en faveur d’une politique des personnes handicapées cohérente, par le conseiller national Christian Lohr.Le monde politique est donc en train de bouger.En ce qui concerne la 7e révision de l’AI, elle espère qu’elle ne servira pas seulement à faire des économies.Elle exhorte les organisations à devenir actives sans plus attendre et à faire pression, non seulement lorsqu’il est question de révisions de loi ou de l’AI en général, mais aussi lorsque les thèmes n’ont a priori aucun lien direct avec les handicaps.Elle a parlé de la formation continue, où l’étude SAMS a mis en évidence des soucis d’accessibilité évidents.Les représentants politiques doivent absolument pouvoir compter sur les impulsions des associations.

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Nouvelles organisations membres de l’UCBA

Lors de l’assemblée des délégués du 18 juin 2016, les délégués ont approuvé l’adhésion de trois nouvelles organisations :

  • Fondation Compaterra, Wabern/BE, en tant que membre associé (www.compaterra.ch)
  • Zentrum für körper- und sinnesbehinderte Kinder (centre pour enfants souffrant d’un handicap physique et/ou sensoriel ,ZKSK), Soleure, en tant que membre associé (www.zksk-so.ch)
  • Association Blind-Jogging, Bâle, en tant que membre ordinaire (www.blind-jogging.ch).

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Recommandations de la Commission UCBA d’intégration professionnelle

En se basant sur l’étude SAMS, la Commission UCBA d’intégration professionnelle a formulé des recommandations à l’intention des principales organisations de la typhlophilie et de leurs services de consultation, ainsi que du comité de l’UCBA.Le document intégral peut être téléchargé sur www.szblind.ch/aktuell.